domenica 14 febbraio 2021

ÉPIDÉMIE DE COVID-19 Italie : les stations ouvrent lundi

Jusqu’à présent, les clubs de ski et les athlètes de haut niveau étaient les seuls à pouvoir pratiquer. Photo Le DL/ Sylvain MUSCIO

 

 À Bardonecchia, le domaine n’accueillera que 4 000 skieurs, un tiers de la capacité habituelle. Avec cette jauge, la station tourne à perte, mais pour Nicola Bosticco, son administrateur, ouvrir relève de la responsabilité sociale.

Le palais des fêtes de Bardonecchia, station piémontaise voisine de la France, propose pour la première fois depuis des mois, ce lundi, une exposition. Des photos historiques, sur le thème « Guerre sur les Alpes ». À quelques centaines de mètres de là, au pied des pistes, dans une autre guerre, encore indécise, celle contre la Covid-19, une bataille vient d’être gagnée. Victoire à la Pyrrhus peut-être, car elle coûtera plus cher qu’une retraite en rase campagne, mais victoire tout de même : les remontées mécaniques ouvrent ce lundi.
« Depuis quatre ou cinq jours, on ne parle plus que de ça », avoue Nicola Bosticco, administrateur délégué de la Colomion, société privée qui exploite le domaine skiable, et beaucoup d’activités qui vont avec, de la restauration d’altitude aux loisirs de substitution. Pour lui, c’est clair, « on s’est diversifié, mais rien ne remplace le ski. La randonnée et le reste n’ont pas de modèle économique ».

  Une ouverture à perte
Les particuliers vont donc rejoindre, sur les pistes, les jeunes des clubs de ski, déjà autorisés à s’entraîner, comme les athlètes de haut niveau (Alexis Pinturault et Tessa Worley en ont d’ailleurs profité avant les Mondiaux de Cortina d’Ampezzo). Sur place, c’est un « ouf » de soulagement. « Au moins 60 % de la population active travaillent dans le tourisme », calcule Francesco Avato, maire de cette commune de 3 200 habitants. Il y a, par exemple, 300 moniteurs de ski. Comme dans les autres secteurs mis à l’arrêt à cause de la crise, ils se trouvaient sans revenu. « Nous n’avons eu aucune indemnité », confirme Emanuela Bortolotti, directrice adjointe de la Scuola sci Bardonecchia, la plus ancienne des écoles locales (80 moniteurs). Faute de dispositif national, la région Piémont envisage d’en créer un, mais les concertations avec Rome sont toujours en cours. Ce ne sera, de toute façon, qu’une enveloppe globale à répartir entre tous les sinistrés de la Covid. 

Nicola Bosticco compte lui aussi sur les aides étatiques. Il confie même que sans elles, l’économie italienne de la montagne ne survivra pas.  Or la Colomion n’a rien touché depuis la fermeture soudaine intervenue le 7 mars 2020. Elle pourrait percevoir, au maximum, 49 % du chiffre d’affaires perdu, soit environ 4 millions d’euros, « mais on a des coûts en face de ça, et c’est seulement si l’État a l’argent », remarque-t-il. Les charges fixes d’exploitation représentent 70 % des recettes des remontées mécaniques.
L’ouverture à voilure réduite à partir de ce lundi ne couvrira pas les frais. « On va tourner à perte, mais nous nous devons d’ouvrir », insiste le chef d’entreprise, « parce que nous sommes dans un milieu montagnard, avec une responsabilité économique et sociale ».
Derrière les remontées mécaniques, c’est tout un milieu qui redémarre. Les pistes accessibles, les clients reviennent. C’est compliqué, parce que les déplacements entre régions sont toujours interdits, au moins jusqu’au 25 février. La clientèle sera donc essentiellement piémontaise, sauf pour les propriétaires de résidence secondaire, qui peuvent venir même s’ils habitent Milan ou Gênes.
On ne constate donc pas encore de ruée sur les réservations hôtelières. Résultat, « les plus gros hôtels restent fermés », constate Giorgio Montabone, président du Consortium touristique. Depuis Noël, « les petits magasins tournent un peu », reconnaît Francesco
Avato, mais les théâtres, cinémas et équipements sportifs restent fermés, et les restaurants sont ouverts le midi seulement, sauf pour la vente à emporter. De ce côté-là, rien ou presque ne va changer dans l’immédiat.
N’importe, cette réouverture des remontées est vécue comme un signe d’espoir. « Nous avons beaucoup de demandes », sourit Emanuela Bortolotti. En face de l’espoir, il y a le doute, car si le taux de réplication du virus, aujourd’hui à 0,93, dépasse 1,25, le Piémont repassera en « zone orange », donc sous cloche. La monitrice résume la situation : « nous ne sommes pas sereins, mais nous sommes heureux. C’est peut-être un beau signal de retour à la normalité ».